Enfant maudite par la peur et la violence, tu souffriras sous l'âme d'un autre jusqu'au Jugement Dernier ...
Depuis le début, Victoria a eue une enfance difficile. Plus mature et solitaire que les autres, elle restait toujours seule et on la rejetait davantage. Mais elle ne pouvait compter que sur sa grande sœur Elizabeth ainsi que son grand-père qui, eux, la comprenaient. Quasiment chaque soir, Vic' restait immobile dans son lit en regardant partout dans la pièce, prétendant qu'une présence la surveillait. Depuis, elle n'arrêtait pas d'en parler et ses parents ont dû l'envoyer chez le pédopsychologue pour essayer de régler ses problèmes « d'imagination ». Mais comme le proverbe dit, la vérité sort de la bouche des enfants …
CHAPTER ONE
Accident
- Tu penses que grand-père s'en remettra vite ?, demandais-je en regardant par la fenêtre.
Elizabeth me jeta quelques coups d’œil maladroits et finit par soupirer. Elle ne semblait pas sûre pourtant, elle qui fait des études en médecine. Ellie ne répondit pas, ce qui ne me donna pas envie de reposer ma question. Il faisait déjà sombre et dans un coin perdu d'Angleterre, il n'y a pas toujours des lumières partout. On n'y voyait pas à cinq mètres ! Heureusement que les voitures ont des phares parce que sinon … Le silence dans le véhicule était blindant, presque autant que dans les films d'horreur. Je me redressa quand on arriva enfin devant l'hôpital de Londres qui était plutôt grand. On se présenta à l'accueil pour qu'on puisse nous amener à la bonne chambre. J'étais contente de revoir grand-père, avec l'école, ce n'est jamais facile d'avoir un peu de temps. Il était allongé dans son lit d'hôpital avec quelques engins électroniques à côté de lui. Ça devait être ennuyant de rester comme ça pendant quelques jours sans même sortir prendre l'air … avec cette odeur de désinfectant et de divers médicaments. Je m'approcha de lui et m'assis juste à côté en souriant.
- Bonsoir grand-père. Tu te sens mieux que la dernière fois ?- Oui, je pense que je vais m'en remettre. Comment va tout le monde ? Tu le sens encore ?- Ils vont bien, voir très bien. Oh cette chose-là … Ça me suit partout maintenant, et j'ai un mauvais pré-sentiment …Elizabeth ne trouva rien de mieux que de soupirer dans son coin. Même elle croyait que j'avais des hallucinations et elle disait que grand-père était un fou. Mais pour moi c'est un homme formidable, et le seul qui me croit. Ses yeux se firent plus grands et il se mit à murmurer d'une manière presque paniquée.
- Eh bien ne le laisse pas t'atteindre, soit prudente sur la route et n'oublies pas : Le mal surgit quand on ne n'y attend pas ! Allez, files maintenant. Il est tard et tu n'es pas en vacances.Je fis une tête de travers, comme si je n'avais rien compris. Peut-être parce que je n'avais vraiment pas compris ce qu'il m'a dit. Ma sœur me prit par le bras et nous disions au revoir à grand-père avant de nous éclipser du bâtiment. Il était très tard et la route n'était pas si courte que ça. Liz' décida de prendre une route qu'elle connaissait bien mais elle était un peu sinistre. A cette heure-ci, il n'y avait personne sur ce chemin et elle commença à rouler un peu trop vite.
Je repensa à ce qu'il m'avait dit et me réveilla de ma propre conscience soudainement. Je n'avais aucune idée d'où on était mais je faisais confiance à mon aînée. Elle allait un peu trop vite quand même …
- Liz, tu peux ralentir un peu, sil te plaît ?- Ne me dis pas que t'as avalé ce qu'il a dit !Je soupira à la réaction immature de ma grande sœur et ne dis plus rien, car je sais qu'il était inutile d'essayer de convaincre sa détermination. Étrangement, les phares se mirent à clignoter comme si les ampoules étaient sur le point de griller. Mais à ce moment-là, je compris ce que voulait me dire grand-père. Juste devant la voiture s'arrêta un grand cerf dont le pelage était plus noir que le ciel, et ses bois encore plus grands que ceux d'un élan. Son regard croisa le mien et bizarrement, il ne chercha pas à s'enfuir, un peu comme si il voulait se suicider. Mais venant d'un cervidé, ce n'est pas courant. Par panique, on s'est mit à hurler et Elizabeth tourna pas erreur dans le fossé avant de heurter un arbre.
Je me réveilla peu de temps après avec une migraine presque invivable, j'ai dû me cogner contre quelque chose. La voiture était de travers à côté de la route et j'avais les jambes à moitié dedans. Ma vue était aussi floue que celle d'un bigleux qui a perdu ses lunettes. Mais je voyais distinctement des sabots noirs s'approcher lentement vers moi. J'avais une envie folle de fuir mais j'avais à peine les forces pour bouger. L'animal s'arrêta juste devant moi alors que j'essayais de me relever en vain, mais je me laissa tomber contre le sol, à l'écoute d'un horrible cri assourdissant dont la provenance n'était pas si lointaine.
CHAPTER TWO
Sister ...
Des petits bruits réguliers qui ne m'étaient pas étrangers me réveillèrent. Ma vue n'était pas nette une seconde fois, ce qui m’inquiéta seulement pendant un moment avant que je ne me rende compte que j'étais dans un hôpital. Je voulu me redresser rapidement et regarder autour de moi mais la majorité de mes muscles étaient engourdis, mes côtes me faisaient souffrir et j'avais des nausées, malgré que mes yeux me permirent enfin de voir clair. Toute la pièce était dans un blanc ennuyeux, voir même effrayant et les tubes reliés à mon avant-bras me dérangeaient autant qu'un moustique dans la pièce. Tiens, mes parents était juste à côté de moi et ils me regardaient d'un air aussi heureux que triste. Je les dévisageait comme une blonde qui n'a rien comprit jusqu'à me douter de quelque chose. Ma mère se mit à sangloter et mon père m'annonça la mauvaise nouvelle, prit de courage.
- Victoria … je suis désolé mais … ta sœur est décédé. Pendant l'accident, elle s'est cogné la tête et l'airbag lui a compressé la cage thoracique suffisamment fort pour l'empêcher de respirer.Mon regard se fit vide, presque mélancolique, et je restais là, assise dans le désespoir. Il ne manquait plus que ça. Mon unique grande sœur, une des seules personnes que j'aimais vraiment, est morte sans même le mériter. J'aurais préféré être à sa place plutôt que de vivre dans ce que j'appelle « un dépotoir humain ». Quelques larmes coulèrent sur mes joues sans même que je m'en aperçoive et je serra mon ours en peluche que j'avais retrouvé à côté de mon oreiller. On voyait clairement que mes parents étaient pour une fois tristes sans jouer la comédie, pas comme pour grand-père. D'ailleurs, grand-père … comment il a su que quelque chose allait se passer ? Cette question me pesait maintenant sur le cœur mais je ne voulais rien savoir, rien que de me rappeler ce qui s'est passé précédemment me donne de désagréables frissons.
Après que l'on m'aie remit sur pieds et enlevé tous ces machins, nous quittions l'hôpital pour rejoindre la voiture et rentrer à la maison. La météo n'était pas si mauvaise que ça, pour une fois. Il y avait beaucoup de mouvements sur l'autoroute mais heureusement, il n'y avait pas de bouchon sinon je me serais déjà suicidé d'impatience. Pendant ce temps, je me mis à réfléchir au niveau de l'étrange événement qui a provoqué l'accident. Ce cerf était vraiment très, mais alors très bizarre. J'en avais encore jamais vu des comme ça. Puis ce cri que j'ai entendu ensuite … Ça se trouve je deviens folle, ou peut-être que je n'ai pas halluciné. Bref, il faut que j'arrête de nier ça et de me bouger les fesses.
CHAPTER THREE
I'm a Monster
Quelques semaines étaient déjà passés et depuis, je ne sens plus cette présence infecte dans ma chambre la nuit. L'enterrement d'Elizabeth a été très dur à accepter, j'aurais voulu qu'elle revienne à la vie comme Jésus et qu'elle reste avec nous pour toujours, mais non ! Bien sûr, il fallait que ce soit ELLE qui crève le plus tôt possible ! Mais chaque jours, tout le monde se remettait de plus en plus de son décès et on oublia presque le silence mélancolique qui régnait autrefois. A présent, mes parents sont de nouveaux chiants et font tout pour me mettre à l'aise, vu que je suis devenue fille unique. C'est comme si ils se battaient tous les deux pour mon bien-être, mais tout ce que je veux, c'est qu'ils me laissent en paix comme si rien ne s'était passé. Parfois, je les entends même se disputer et c'est très énervant quand on travaille.
Récemment, je reçu un SMS d'une très bonne amie qui m'a demandé si je pouvais dormir chez elle, pendant que ses parents n'étaient pas là. Évidemment, j’acceptai et pas que par politesse ; mais aussi pour passer une soirée sans les deux qui se comportent comme des gladiateurs. Après avoir prit toutes mes affaires, ma mère accepta de m'y emmener, même si ce n'était pas très loin. La voiture des McKleiff n'était plus là, et Abby ouvrit tout de suite sa porte d'entrée dès qu'elle entendit le bruit de moteur. Ma mère me rappela de ne pas faire trop de bêtises comme à une petite fille et s'en alla.
Le soir, quand il faisait déjà sombre comme les abysses, on installa la télé dans la chambre et allions faire notre toilette avant de regarder le film d'horreur qui était prévu. Je n'ai jamais aimé les films d'horreur, je trouve ça débile et irréaliste, même les slayers. Parfois, je me demande pourquoi j'accepte d'en regarde avec elle … Dans la salle de bain, j'en profitais pour repenser à tout ce qui m'est arrivé. Ma vie ennuyeuse d'avant, l'accident qui a tout bousillé et la mort de ma sœur. En parlant de ma sœur … mes yeux se posèrent sur la magnifique chevelure d'Abbygail, qui ressemblait beaucoup à celle d'Elizabeth. J'ai toujours été jalouse d'elles. Mais passons. Quand je me dirigeais les poufs qui étaient installés sur le sol pour le film, je sentis une douleur insupportable au ventre, comme si j'étais sur le point d'accoucher. Mais là, c'était différent, comme si on me broyait les organes. Je me laissa tomber par terre en vomissant une belle quantité de sang accompagnée de sucs gastriques. J'étais paniqué, qu-est-ce qui m'arrive était la seule question qui me préoccupait à cet instant. Je me mis à hurler à tue-tête, tel un dragon à l'agonie et contractais mes muscles en fonction de la douleur. De de la sueur commençait à perler sur mon front et je repris ma respiration avant de pousser un nouvel hurlement. Je pus à peine apercevoir à travers mes larmes écarlates mon amie qui était près de moi en train de paniquer comme un lapin.
- Oh mon Dieu, Victoria !! Je vais appeler les secours !, cria-t-elle de peur et de panique.
Je me rendis compte que je saignais aussi du nez et des oreilles, puis je finis par n'entendre que quelques grondements. Mon corps tout entier me brûlait et je m'arracha quelques mèches de cheveux et une bonne quantité de peau. On dirait que le sang sur le sol n'avait pas suffit. Je hurlais toujours et encore, jusqu'à ne plus avoir de voix. Je ne pouvais plus contrôler mes actions et je sentis mon corps changer, comme si j'allais me changer de la larve au papillon. Mais cette transformation là, était bien plus horrible. Je ne me reconnaissais plus du tout au moment où je me mis à rire comme devant le meilleur film comique au monde. Des fois je suffoquais, comme si je manquais d'air. Tout ça était sûrement le l'instant le plus effrayant de toute mon existence. Je compris enfin que ce n'était pas une coïncidence. Le cri que j'entendis à nouveau était le même que dans la forêt. Cette fois, je n'étais plus la Victoria que tout le monde connaissait. J'étais sous l'emprise de quelque chose d'autre ; une chose incontrôlable et monstrueuse qui ne cherchait qu'à faire du mal autour d'elle. En entendant une voix essoufflée, je tourna ma tête vers la provenance.
- Vic', l’ambulance va être là dans …Quand Abby revint enfin après avoir appelé l'ambulance, je me releva, couverte de sang. Comme je le pensais, mon physique a bien changé. Mes dents s'étaient rallongées, prenant la forme d'un millier d'aiguilles. Mes yeux sont devenus noirs et mes joues ont été déchirées presque jusqu'aux oreilles, ce qui découvrit toute ma dentition. Je me mis à fixer mon amie d'un regard macabre, presque tueur. Effrayée comme elle ne l'a jamais été, elle lâcha le téléphone qu'elle tenait encore dans sa main, bouche bée, et n’eut même pas le temps de reculer avant que je me jette sur elle pour déchiqueter et me nourrir de son corps. Cette bête n'a pas de conscience, et je peux encore moins la contrôler.
CHAPTER FOUR
Susaka
Je me réveilla peu de temps après avec une affreuse douleur qui torturait chacun de mes gestes. Un étrange goût de fer et de viande demeurait constamment dans ma bouche. C'est là que je compris la moitié des choses. Mes vêtements étaient couverts de sang comme si je m'en serais vidé et j'étais toujours dans la chambre d'Abby. Au fait, Abby, … Son corps presque méconnaissable gisait dans le couloir sous les faibles lumières des lampes, baignant dans son propre sang. Horrifié, je n'eus même pas le courage de m'en approcher. Je restais là, à la regarder en pleurant tout ce qu'il me restait. Tout ça c'est à cause de ce foutu accident ! Si ça ne serait jamais passé, rien de serait arrivé. Le corps de mon amie était creusé, déchiqueté ; je ne pouvais pas en supporter la vue en pensant que j'ai tué quelqu'un qui m'est cher. Non, ce n'est pas moi. C'est ce monstre qui loge aux tréfonds de mon âme pour surgir et ne causer que malheur. J'étais assise sur le sol, passant mes doigts sur quelques blessures qu'il m'a laissé. La peau de mon œil gauche était complètement déchirée, mes bras et mon dos mutilés. La douleur était vraiment intense mais j'arrivais à bouger. Mes joues ensanglantées qui commençaient déjà à cicatriser étaient couvertes de larmes que j’essuyai avec le dos de ma main. Peu à peu je réussi à me reprendre, ce qui n'était pas si facile. Je ne pouvais pas croire que c'est moi qui a fait ça. Si cette bête a prit le contrôle une fois, ce n'est sûrement pas la dernière. Rien que le fait de penser que je ne la retiendrais pas la prochaine fois me décourage au maximum. Rapidement malgré mes blessures qui ne laissaient que des traces rouges, je pris une couverture et couvrit la carcasse allongée contre le mur.
Au dessus du lavabo, je me débarbouilla du sang qui recouvrait la majorité de mon corps et je me changea rapidement avant que les ambulances n'arrivent.
Après être passé par la baie vitrée de la maison et avoir quitté la propriété, je me dirigea maintenant vers ma propre maison en essayant d'être la plus discrète possible. Ça n'a pas été dur d'entrer dans ma chambre avec mon père qui dorment comme des ours. Dans mon espace privé, je pris un sac et j’emballai quelques vêtements, mon cher taser, de quoi me nourrir et mon inhalateur parce que oui, j'ai de l'asthme. Je regarda une dernière fois mes parents dormir et je m'enfuis de la maison, tel une âme cherchant un corps. Quitter cette maison que je connais depuis ma naissance a été une torture, mais je savais que si je restais là, ce monstre allait encore assassiner ceux que j'aime.
Pendant que je traînai dans les grandes rues de la ville, je passa lentement devant un marchand de journaux avant de m'arrêter brusquement devant un papier. Tiens tiens … un Internat ? Il paraît que c'est un des lieux les plus sûrs dans les alentours. Mais, il me paraissait quand même louche. En tout cas, je savais que si ça pouvait m'arriver à moi, ça pouvait arriver à d'autres. Non, je parle de la possession, imbécile ! … Voir même autres choses. Je regardai une dernière fois l'adresse du bâtiment et l'inscrivit sur le GPS de mon portable, espérant qu'il m'y mènerait sans problèmes.
La marche a été plutôt longue, mais ce n'était pour rien. Quelques dizaines de minutes après, je réussi à trouver ce fameux Internat et je finis par enfin traverser les portes.